Tu n'es pas né tel que tu es aujourd'hui, tu l'es devenu

illustration du deuil

C'est comme un bateau qui s'éloigne vers l'horizon. 
Il y a un moment où il disparaît.
Mais ce n'est pas parce qu'on ne le voit plus qu'il n'existe plus.

Je me suis rendue compte que je ne me livrais que très peu ici. Il n'y a presque pas de photos de moi, sur mon propre blog. Et je ne raconte que des bribes de ma vie, souvent ce que j'estime le plus amusant, ou intéressant... Bien qu'assez présente sur la blogosphère, je reste très discrète quant à mon image, et ma vie privée. Pourquoi j'ai choisi aujourd'hui pour me livrer un peu plus? Je ne sais pas, c'est venu comme ça, au hasard de mes pensées.

N'as-tu jamais réfléchi à comment tu pourrais être aujourd'hui, si ta vie n'avait pas été celle que tu as vécue? Joies, peines, sinistres, deuils, et coups de chance ont finalement de près ou de loin influencé ton caractère et tes goûts, même si tu ne t'en souviens pas.

J'aime la flûte de pan. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé ça. Dès que j'en entends, je me sens bien, j'ai une sensation de liberté, de bien-être et de paix. J'aime la mer aussi, et la voile, énormément. J'aime le dessin. Et la Bretagne. Pourquoi? Jusqu'à récemment, j'aurais dit "Tu sais, les goûts, les couleurs...". En fait, il y a une raison très simple à ça : j'ai perdu mon père il y a treize ans.



Passionné de voile et de bateaux, il adorait le dessin, et chaque été, quand on retournait chez ma grand-mère, en Bretagne, pour qu'il aille naviguer avec ses frères, je regardais cette cassette d'un conte des frères Grimm, "Madame Holle", et j'écoutais la bande originale, à la flûte de Pan. Ce sont des souvenirs heureux, qui sont ancré à tout jamais dans ma mémoire. Finalement, le décès de mon père, ce drame survenu lorsque j'avais tout juste 9 ans, a influencé tout de mon caractère, et de ma vie actuelle.

Ce qu'il aimait faire, ce dont il était passionné, et les endroits où il était heureux, je les ai tous gardés en moi, assimilés pour les rendre miens. C'est ma façon à moi de ne jamais l'oublier, de le faire exister encore un peu, à travers ça. En mer, je deviens un peu lui, par procuration.

Faire son deuil, ce n'est pas évident. Juste trois petits mots pour décrire un travail énorme, presque insurmontable. Trois petits mots, qui paraissent si simples, quand ils sont prononcés, mais derrière lesquels se cache une réalité difficile. Faire son deuil, c'est quoi exactement? Oublier? Sûrement pas. Remplacer? Encore moins. C'est apprendre à continuer à sourire, rire, manger, boire et danser, continuer à vivre, sans l'être cher. C'est trouver des moyens de ne se remémorer que les bons souvenirs. C'est trouver l'équilibre entre le manque et la tristesse. Et c'est apprendre à voir les choses sous un angle meilleur.

Serais-je la même si je n'avais jamais vécu ça? Sûrement pas.
Aimerais-je les mêmes choses? Je ne crois pas.
Aurais-je les mêmes amis? Probablement pas.
Aurais-je fait les mêmes choix? C'est peu probable.

Qui peut dire, si aujourd'hui il était toujours de ce monde, je serais la femme que je suis actuellement? Personne. Mais s'il était toujours ici, avec nous, je ne serais probablement jamais allée dans ce lycée, et donc n'aurais jamais rencontré cette amie et sans elle je n'aurais jamais découvert cette danse, qui est aujourd'hui ma passion. Peut-être que je n'aurais jamais choisi ce cursus, fais ces études supérieures qui me poussent à partir à l'étranger et découvrir de nouvelles cultures. Peut-être que cet été là, je n'aurais pas été à cet endroit, que je n'aurais jamais rencontré cet homme, qu'on ne se serait jamais mis ensemble. Peut-être que ma vie entière, celle que je connais aujourd'hui, peut être que rien ne serait pareil.

Ce drame a influencé non seulement mon caractère tout entier, mais également mes choix de vie, mes relations et mes rencontres. Et quand je pense à mon père, et que je me dis que j'aimerais qu'il ait été là pour tous ces moments forts de ma vie... Je finis par conclure que s'il était toujours là, je n'aurais sûrement jamais pu vivre tout ça. Il est sûrement fier de moi, de là haut, et ce n'est pas parce qu'on ne le voit plus qu'il n'existe plus.


"Madame Holle"



À bientôt!
   Love, BigoudenBlues  ♥ 

FacebookTwitterHellocotonInstagramGoogle plusHTML Map

4 commentaires

  1. hey!!!! j ai beaucoup aimé ta plume et vraiment c'est superbe la plume que tu as !!! je trouve que ta sensibilité textuelle devrait être davantage connue voire même reconnue !!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup pour ce commentaire Arnaud, ça me fait très plaisir! Peut-être que je devrais écrire des choses sérieuses plus souvent alors. :)

      Supprimer
  2. Très touchant comme article, vraiment très beau ! :)
    Et j'ai beaucoup aimé aussi le petit air de flûte de pan, je connais même pas spécialement l'instrument à dire vrai, mais c'est super joli :)

    SweetyS.
    http://enjoy-sweetys-world.blogspot.fr/

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Contente de t'avoir fait découvrir cet instrument que j'adore! Et merci pour ton commentaire. :)

      Supprimer